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Sophie Lenfant en marche et en danse
Romain Saudubois à la prise de vue et à la réalisation du documentaire
Sophie Lenfant en marche et en danse
Romain Saudubois à la prise de vue et à la réalisation du documentaire
« Le temps d'une valse » est un projet basé sur la marche, la rencontre , la danse et les personnes âgées.
L'idée est pour moi de sillonner à pied les routes des Deux-Sèvres qui me conduiront vers des personnes âgées seules ou isolées à qui je proposerai de partager une danse, en les invitant à danser avec moi une valse, ou bien, en dansant pour eux "le temps d'une valse".
Il s'agit d'allier mon travail d'artiste chorégraphe à la transmission du plaisir de la danse et l'envie de toujours lui donner une place singulière au quotidien , afin de rendre ce quotidien le temps d'un instant "hors norme" , de créer la surprise, susciter l'échange, redonner de l'appétence à la vie, saisir le sourire et le regard.
Le principe de l'itinérance me ramène à l'idée de nomadisme, et au saltimbanque. L'artiste est de mon point de vue un voyageur permanent, qui explore aussi bien les chemins du monde, que les chemins de vie. Ainsi, après des années d'ancrage pour tenter d'inscrire la danse dans le paysage rural des Deux Sèvres, je prends mon bâton de pèlerin afin de poursuivre le partage avec les hommes et les femmes de ce territoire. Pour les plus isolés, l'offre culturelle et l'acte artistique sont à priori totalement inaccessibles. C'est en sillonnant les routes que j'irai à leur rencontre.
La marche à pied, et les changements de paysages que je traverserai au fil des saisons, donneront un rythme singulier à chaque parcours . La marche comme lien organique entre ma respiration et celle de la nature. La marche comme moyen d'entrer dans un autre mesure du temps.
Les saisons ponctueront ce projet , permettant d'inscrire un autre rapport au temps : prendre le temps de le voir s'écouler, s'attacher au temps qui passe non pas au travers d'un calendrier ou d'une horloge, mais plutôt en se laissant imprégner des changements de lumière au cours de la journée, des changements de paysage au fil des saisons. Y puiser une inspiration différente .
Cette expérience sera aussi l'occasion de la réalisation d'un film documentaire qui témoignera de cette aventure humaine. Romain Saudubois, réalisateur, prendra la route avec moi pour filmer, aussi bien le temps de la marche, que le temps des rencontres. Avec sa caméra il saisira chaque instant et s'attachera à mettre en lumière les contrastes, les nuances, les complémentarités entre mouvement des corps, mouvement de la vie, espace paysager , espace habité, rythme du temps qui passe, rythme de la marche, rythme de la danse. Ce film sera aussi le lieu pour faire résonner les paroles des uns et des autres.
Le projet se déclinera comme un voyage dans le temps avec 4 circuits d'itinérance de 2 semaines chacun, répartis sur chaque saison. Le premier se déroulera au printemps 2017 sur le territoire du Bocage Bressuirais. Un autre se met en place dans le Pays Thouarsais à l'automne 2017 et nous sommes aujourd'hui en construction du parcours de l'été et de l'hiver.
Chaque parcours se déclinera sur le même principe, laissant aussi le temps aux rencontres spontanées et à l'imprévu.
Deux axes complémentaires :
le temps de la marche, sur les sentiers principalement et parfois sur les routes. Une autre façon d'appréhender le temps, essentiel à éprouver physiquement en se mettant au rythme de la marche. Ceci afin aussi de rentrer dans une autre dimension du geste artistique, en laissant la danse et le mouvement du corps être guidés par la respiration organique propre, et celle de notre environnement naturel. La nature est un espace de jeu qui permet de se nourrir de tout un tas d'expériences spontanées, glané sur le chemin. La marche amène un état d'esprit propice à la concentration nécessaire avant d'entrer en jeu chez l’habitant.C'est aussi important d'arriver chez la personne à pied et non pas en descendant d'une voiture.
Le temps de la marche est vraiment essentiel pour se préparer à la rencontre. S'imprégner de l'environnement quotidien, des paysages familiers, des personnes à rencontrer, vivre une expérience propre sur place. C'est pourquoi il nous apparaît essentiel de commencer la première journée par un temps de marche plus long.
Ce temps de marche est le préambule à la rencontre.
le temps de la rencontre avec la personne qui nous accueille, qui accepte de nous introduire dans sa vie quotidienne, dans son intimité et qui nous laisse transformer son espace de vie le temps de la danse. Acte éphémère qui propose de porter un autre regard sur le temps qui passe.
Amener la danse, entraîner dans la danse, permettre l'expression du ressenti, de l'émotion, en rentrant dans le dialogue avec le corps bien sûr, en libérant la parole parfois enfouie dans la malle aux souvenirs qui n'ose plus s'ouvrir, et en laissant l'occasion de vivre l'instant présent.
La personne qui nous accueille est une personne qui vit seule ou un couple qui peut être isolé du fait de la maladie de l'un des membres. Peu importe si l’échange verbal n'est pas possible, peu importe si la mobilité est limitée voir impossible, peu importe si cette rencontre s'oublie aussi vite que notre passage est de courte durée. Je souhaite rencontrer des personnes âgées qui sont aussi en difficultés de santé et pour qui cette visite pourra être une sorte de bouffée d'oxygène dans leur quotidien.
Mais il s'agit avant tout de rencontre avec la danse.
Sophie Lenfant
à lire également : le film documentaire et les premiers temps....